Autrefois, Carrefour se signalait par son patrimoine culturel et son milieu naturel. Presque tous les plus célèbres écrivains haïtiens du 19ème siècle ont chanté la beauté de zone. Ils ont mis en évidence la fraîcheur qu'on trouvait à l'ombre des manguiers touffus, de ses caféières, de ses rivières et ruisseaux, de ses cascades et de ses plages. Louis Joseph Janvier (1855-1911) dans son ouvrage "Les Constitutions d'Haïti" a fait éloge des habitants de Carrefour: "Le village de Carrefour est un des plus riants d'Haïti. "La population est belle, pleine de ressources et d'ingéniosité, des plus éveillées, des mieux douées intellectuellement et moralement, des plus exquisément courtoises…" De son coté, le poète Henri Chauvet qui a habité Diquini a décrit la Cascade de Diquini." Alcibiade Fleury Battier, l’un des figures de proue du mouvement patriotique de 1870, a écrit à Carrefour sa pièce de vers intitulée "vois-tu" dédiée à sa sœur. De son côté, le jeune

Coriolan Ardouin a chanté le charme, la tranquillité de de Mariani. De plus, notre barde national Oswald Duran lui a rendu hommage dans le vers suivants:

« Voilà Bizoton, offrant aux heureux

Ses vertes collines.

Ses sentiers fleuris, ses bassins ombreux.

Au eaux cristallines » .

Malheureusement aujourd'hui les champs de canne-à-sucre de l'habitation de Monrepos ne sont plus; la grande plantation de citrons du côté de André Louis a été convertie en bidonville; la Rivière Froide asséchée; le débit des sources de Mahotière, Corossole, Tessot, Madame Baptiste considérablement diminué. Les papillons et les oiseaux qui ajoutaient à la beauté et splendeur de cette zone n'y sont plus; leur habitat naturel a été envahi et détruit par les humains. Carrefour n'a aujourd'hui rien du petit village riant qu'elle représentait dans le temps.

En dépit de tout, il y a encore des monuments ou constructions, bien qu’ils soient en ruines, mais leurs vestiges sont les témoins de la présence marquante des hommes d’États, des religieux, des artistes, des poètes, des musiciens qui ont leurs résidences privées à Carrefour. Tous les jours, des milliers de gens passent par devant de l’Ecole Nationale de Thor, sans même penser que ce bâtiment était une fois la résidence privée de l’un des pères de la patrie : le président Alexandre Sabès Pétion (1806-1818). Cette maison a également logé l'Ecole d'Agriculture devenue par la suite la faculté d'Agronomie.

D’un autre côté, les locaux du Lycée Louis Joseph Janvier de Carrefour se trouvent exactement sur le terrain même où le président Louis Mondestin Florvil Hyppolite (1889- 1897 faisait construire sa résidence privée) [on a enlevé la toiture de cette maison qui était en tôle pour y ajouter un autre étage. C'est dans cette maison qu'il se logeait jusqu'au sa mort d'un arrêt de cœur au portail Léogâne. Sans doute, l’administration du Lycée sera logée dans ce bâtiment de 115 ans dont leurs murs en briques sont encore très résilients.

D’autre part, au marché de Lamentin, où des centaines de vendeurs et autant de clients se rencontrent tous les jours sans même se demander pourquoi et par qui ces ses murs en arcs ont été construits. En effet, aujourd’hui encore, on verra les vestiges des aqueducs qui se ressemblent à ceux construits par les romains à travers l’Europe. Ces aqueducs que le président Hyppolite fit construire mesurent plus de 6 m de haut et 1.5 m de large aux fins d’irriguer les habitations de Lamentin et de Monrepos.